Mes premiers pas

Me voilà donc entrée dans le vif du sujet : moi face aux élèves !
Je les avais déjà vu, ces dernières semaines, mais bon je ne m’étais que présentée et quand j’intervenais, c’était avec le ou la prof, comme ça, pour corriger un exo ou lire un texte.
Donc les élèves qui papotaient, qui se levaient, qui se tenaient mal, qui parlaient plus fort que la prof…ça m’était un peu égal.
J’ai donc découvert depuis le début de la semaine à quoi correspondait le « plus beau métier du monde »…

En Allemagne, c’est tout d’abord le tableau amovible que tu montes et que tu descends, génial pour les petits ou pour les moins grandes, comme moi ! Puis, c’est la répartition des tâches: quel élève essuie le tableau, lequel passe le balai…génial ! Et c’est aussi, des élèves qui participent, qui lèvent la main, qui s’entraident, qui savent s’auto-gérer (j’ai vu une prof qui lançait un exo en disant « Laura, tu commences et quand tu as donné ta réponse, tu donnes la parole à un autre de tes camarades » et l’exo se poursuivait ainsi)…génial !
Mais c’était aussi : un rétro-projecteur que tu n’arrives pas à régler avec une lumière que tu te prends dans la tronche dès que tu as le malheur de te tourner vers la machine qui a, en plus, un fil orange dans lequel tu t’emmêles les pieds…une photocopieuse version allemande (on n’y pense pas à ces p’tits riens qui font tellement galérer !)…des élèves qui claquent des doigts quand ils lèvent la main pour que tu les interroges (aahhh, j’ai un peu beaucoup de mal à supporter, mais ça va je gère…pour l’instant…mais je trouve ça un peu déplacé, du genre « hé garçon, l’addition ! »), les élèves qui, justement en s’entraidant, oublient que tu es là ( hého, ça dérange quelqu’un si je parle ?!) pendant qu’un autre se lève pour aller ramasser son crayon sans demander…ouille ouille ouille… !

D’accord, j’avoue, j’ai une réaction « à la française », j’aimerais bien crier une bonne fois pour toute « hého, c’est quoi ce binzzz ? On arrête tout, on remet la classe en ordre, les tables deux par deux alignées les unes derrière les autres, sans rien qui dépasse des rangs, sinon je JETTE touuuuuuuuuut par la fenêtreeeeee ! »
Mais non, c’est pas possible. Ici, ça se passe comme ça à l’école, point-barre. Tu m’étonnes que la première réaction des élèves, quand je leur ai demandé ce qu’ils avaient retenu de leur échange avec un collège français, a été : « c’est trop sévère ».
Le problème est : où me placer ? Je ne peux pas, à moi toute seule, chambouler tout leur univers, surtout si, en plus, ils sont habitués à travailler comme ça…et les profs aussi. Bon , je rassure, ce n’est pas dans toutes les classes, ni à toutes les heures ; mais le peu de fois où ça arrive, zeeeeen !
J’ose à peine imaginer un prof ou instit français venir ici…il s’en arracherait les cheveux, les ongles, et les dents, allez !
Non, mais ça a du bon cette méthode :les élèves sont plus autonomes déjà. J’essayerai d’exporter ça en France, mais en restant soft…je laisserai quand même les tables alignées…s’il vous plaîîîîîît !

Sinon, tout va bien, ce sont les joies de l’enseignement, parce que, mine de rien, je m’éclate et je suis déjà fan de mes élèves !